Le vin naturel : sous l’étiquette, la question de la certification
Explorer, comprendre et déguster le vin naturel belge
Impossible de passer à côté : en Belgique comme ailleurs, le vin naturel séduit de plus en plus d’amateurs. Derrière les « labels », il y a surtout des histoires de vignerons atypiques, de terroirs libérés, de levures sauvages. Pourtant, une question revient souvent parmi les curieux : comment être sûr que ce qu’on boit est vraiment « nature » ? Existe-t-il une certification fiable pour les vins naturels ? Et que garantit-elle vraiment ?
La réponse n’est – évidemment – pas si simple. Faisons le point, verre en main.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un rappel utile : le vin est probablement l’un des produits agricoles les plus règlementés au monde, en particulier en Europe. Les AOC, IGP et autres réglementations encadrent cépages, pratiques viticoles, taux d’alcool, et même la mise en bouteille. Pourtant, pour ce qui est du « vin naturel », tout reste flou : pas de définition légale au niveau européen, ni en Belgique… à la différence du vin bio ou biodynamique.
Pour ceux qui travaillent sans intrants, sans chimie, la certification semble pourtant être une évidence. Une manière d’afficher leurs engagements, de protéger leur travail, mais aussi d’apporter de la transparence là où le marketing peut parfois prêter à confusion.
Sur la bouteille typique d’un vin naturel, on trouve rarement la mention « vin naturel » de façon officielle. Cela ne relève pas du hasard : cette catégorie n’existe pas juridiquement. À ce jour, ni l’Union européenne, ni l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), ni le SPF Economie en Belgique ne reconnaissent encore de statut ou de cahier des charges pour le vin naturel.
En revanche, il existe nombre de labels, de chartes d’engagement ou de syndicats qui tentent d’établir des repères, souvent portés par des vignerons eux-mêmes, soucieux de préserver l'esprit artisanal du naturel.
Fait notable : sur les vins naturels produits en Belgique, aucun label national spécifique n’existe. La quasi-totalité des vignerons engagés dans une démarche « nature » se basent sur l’autodiscipline, la transparence et, parfois, l’adhésion à des chartes européennes ou françaises.
La question de la certification s’est imposée face au succès de la catégorie… mais certains y voient aussi un risque d’uniformisation. Plusieurs raisons expliquent ce flou :
C’est souvent la principale source de confusion pour les consommateurs. Voici un tableau récapitulatif pour y voir plus clair :
En Belgique, une étude publiée par Oxfam Magasins du Monde (2022) estime qu’environ 80 % des cuvées « nature » commercialisées mentionnent au minimum une certification bio ou biodynamique, en plus d’une appartenance à une charte privée ou d’indications manuscrites laissées à la libre appréciation de l’amateur.
La Belgique n’a pas de label « vin naturel » national, ni d’association dédiée. Le pays compte une quarantaine de domaines viticoles certifiés bio ou en biodynamie (source : SPF Economie, 2023), parmi lesquels une dizaine revendiquent ouvertement une démarche naturelle en vinification. Le choix reste donc très artisanal et la transparence s’opère via la communication directe vigneron–caviste–client.
Depuis 2020, on note cependant un intérêt croissant : plusieurs vignobles wallons participent à des salons estampillés « nature » en France et dans le nord de l’Europe, comme La Dive Bouteille, Vini Birre Ribelli, ou le RAW Wine Fair, signe d’une reconnaissance internationale qui n’attend plus qu’une structuration locale pour s’affirmer.
Anectode parlante : certains petits domaines namurois ou bruxellois n’indiquent rien sur l’étiquette, préférant « l’oralité », le bouche-à-oreille, voire le QR code sur la bouteille, pour raconter leur pratique de vinification naturelle.
Puisqu’il n’existe pas de label universel et obligatoire pour le vin naturel, comment s’y retrouver ? Quelques conseils :
L’Union européenne a lancé plusieurs groupes de travail depuis 2021 pour se pencher sur une éventuelle reconnaissance officielle du vin naturel, notamment sous l’impulsion de la France et de l’Italie. Cependant, selon le Conseil européen des Vins Naturels (2023), aucun calendrier précis n’est fixé. L’Italie travaille également sur une proposition de cahier des charges pour les « vini naturali », relayée par Slow Food.
Du côté des ONG et associations de consommateurs, la demande d’une plus grande clarté progresse : selon une enquête menée par UFC-Que Choisir auprès des consommateurs européens en 2021, 68 % des acheteurs souhaiteraient un étiquetage plus précis sur les méthodes de vinification utilisées.
À défaut d’un cadre officiel universel, choisir un vin naturel reste affaire de confiance, de curiosité et d’écoute. Dans cette bulle encore artisanale, où chaque bouteille raconte une histoire, la seule vraie « certification » est souvent celle donnée par le vigneron, via la main tendue et le partage de ses méthodes.
Face aux exigences du marché, le paysage bouge – lentement, à la manière d’un vin élevé sur lies. Mais l’essentiel est là : du vivant dans nos verres, des pratiques éclairées, et un écho profond du terroir.
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