Choisir un vin respectueux de l’environnement : entre engagement, terroir et transparence
Explorer, comprendre et déguster le vin naturel belge
La filière viticole, avec 7,3 millions d’hectares plantés dans le monde (source OIV, 2023), occupe une place significative dans nos campagnes. Or, longtemps, cette filière a traîné une réputation de dépensière en intrants : pesticides, herbicides, fongicides, engrais de synthèse, eau, mais aussi carburants pour le travail du sol, et énergie pour la vinification.
Quelques chiffres pour prendre la mesure :
Comprendre les différences est essentiel avant de comparer leur impact réel. Les étiquettes se multiplient, la confusion aussi.
Pour traverser le brouillard des labels, quelques critères concrets aident à évaluer l’impact écologique d’une bouteille :
La filière vin naturel va, sur tous ces points, souvent bien plus loin que les labels minimum du bio. Mais rien ne remplace la transparence : visiter un domaine, discuter avec le vigneron, demander comment il travaille… Plus que le logo, c’est l’approche qui compte.
Les études scientifiques convergent : passer du conventionnel au bio permet de réduire entre 20 et 50% l’impact carbone par bouteille (source : Ademe, 2013). Plus parlant encore, les vignobles certifiés Demeter présentent, selon l’INRAE, des taux de matière organique dans les sols en hausse de 30% en moyenne, ce qui favorise stockage de carbone et résistance à la sécheresse.
Un frein reste cependant à noter : pour répondre à une demande grandissante, certains vins bio ou même nature importés de très loin présentent un bilan carbone qui s’envole au transport. Une bouteille bio chilienne débarquant à Anvers aura un impact de 3 à 5 fois supérieur à celui d’un vin nature belge livré en circuit court.
Si le mouvement nature reste naissant chez nous, la Belgique compte aujourd’hui près d’une centaine de domaines certifiés bio ou en conversion (Vlaamse wijngilde, 2022). Des pionniers comme le Domaine du Chenoy à Namur, Vin de Liège ou encore le Château Bon Baron multiplient les expérimentations : couverts végétaux, agriculture de conservation, panneaux solaires, récupération des eaux de pluie.
Les micro-cuves et le modèle artisanal (souvent à moins de 10 000 bouteilles/an) permettent :
C’est là, tout près, que le modèle de vin respectueux de l’environnement prend tout son sens : pas de grand discours, peu de labels parfois, mais une implication concrète sur tout le cycle.
Tout n’est pas si simple. Le cuivre, autorisé en bio (jusqu’à 4 kg/ha/an depuis 2019, source : règlement UE), s’accumule dans les sols et interroge : la vigne belge, soumise à une forte pression fongique, en consomme-t-elle trop ? Les nouvelles pratiques, comme l’usage de tisanes de plantes, la sélection de cépages résistants, l’agroforesterie, cherchent à limiter cet impact.
De même, la multiplication des petits domaines n’est pas automatiquement synonyme d’excellence environnementale : tout dépend de leur gestion de l’énergie, de l’eau, ou même de l’étiquetage (encre végétale, recyclage…)
Adopter un vin le plus respectueux de l’environnement, ce n’est pas sacrifier l’émotion sur l’autel de la vertu, ni tomber dans une chasse au label. C’est s’ouvrir à une autre manière de regarder la vigne, à des pratiques plus sobres, parfois plus exigeantes, toujours plus humaines. En Belgique, comme ailleurs, les démarches bio, biodynamiques et nature offrent aujourd’hui de vraies réponses, mais la clé reste dans la cohérence du projet, la conscience du sol… et le partage.
Sources :
D’un côté : le vin conventionnel, dominant, défini par l’utilisation généralisée de pesticides, de produits œnologiques de synthèse et de techniques correctives lors de la vinification. De l’autre, des alternatives qui interpellent...
Vin bio (ou vin issu de raisins en agriculture biologique) : respecte un cahier des charges européen précis, garantissant l’absence de pesticides et d’engrais de synthèse à la vigne. Depuis 2012, la vinification aussi est partiellement encadrée...
Le vin bio : un cadre réglementéLe vin bio n’est pas qu’une question de mode. Depuis 2012, l’Union européenne encadre officiellement la production de vin biologique via un cahier des charges précis (Règlement europ...
Commençons par l’option la plus courante mais aussi la plus clairement identifiée : le vin bio. En Belgique comme ailleurs en Europe, le vin biologique est encadré par un cahier des charges officiel (règlement UE 2018/848), commun à tous...
Commençons par le plus connu : le vin bio. Ce terme bénéficie d’une reconnaissance légale (et surtout d’un cadre de régulation bien défini) au niveau européen. Depuis 2012, l’Union européenne a...