Pourquoi le goût d’un vin naturel n’est pas celui d’un vin bio ou biodynamique
Explorer, comprendre et déguster le vin naturel belge
Derrière le mot “naturel”, qui fait souvent rêver ou débat, se cache un univers radicalement différent de celui du bio ou de la biodynamie—du moins en matière de goût. Pour bien comprendre ce qui se joue dans le verre, il faut d’abord lever l’ambiguïté sur les mots, car les frontières ne sont pas toujours claires pour le buveur curieux.
Il existe donc un véritable continuum, où le vin naturel obéit à la règle la plus stricte, surtout en cave. Mais est-ce que cette discipline laisse forcément une empreinte sur le goût ? Plongeons dans le verre.
La vigne, c’est la base. Un sol vivant, des raisins sains, une biodiversité qui foisonne : tout cela alimente la complexité aromatique du vin. Les travaux menés par l’INRAE et l’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin) démontrent qu’un écosystème viticole diversifié augmente la concentration de composés aromatiques volatils, qui enrichissent les arômes du raisin — et donc du vin. Source : INRAE, programme AromaTerroir.
La “main invisible” du vigneron, ou plutôt son absence volontaire lors de la vinification, se sent dans la texture, la persistance aromatique, la vivacité en bouche.
Le soufre (SO2), grand stabilisateur du vin moderne, influe énormément sur la sensation en bouche. Le bio et la biodynamie l’autorisent selon dosage, tandis que le vin naturel l’exclut ou le limite à une poignée de mg. De nombreux dégustateurs, y compris des scientifiques (étude OIV, juillet 2022), relèvent que l’absence ou la rareté du soufre accentue :
Des dégustations collectives organisées lors du salon La Dive Bouteille ou de Savourer Naturel à Bruxelles montrent que ce sont presque toujours les vins naturels qui surprennent le plus le palais non-averti, tant par leur fraîcheur désarmante que par leur vivacité (voire un côté perlant inattendu sur les rouges jeunes). Mais tous n’apprécient pas ce côté libre : là où le bio rassure par sa rectitude, le naturel déroute, charme ou dérange. Un critère revient souvent : le naturel semble “plus digeste”, “plus vivant”, avec une finale moins asséchante dûe au faible taux de soufre.
Il n’existe pas de test sensoriel universel qui permette d’attribuer avec certitude l’appartenance “nature”, bio ou biodynamie à un vin sans connaître sa vinification. Pourtant, quelques expériences célèbres offrent matière à réflexion :
Mais attention à la caricature : on trouve des vins bio d’une fantaisie exceptionnelle, et des naturels “carrés”. La main et le style du vigneron, le millésime, le terroir comptent autant que le label.
Mais la vraie différence commence dans le verre, lors de la dégustation “ouverte”, sans préjugé. Le goût du naturel, du bio, du biodynamique, ce sont aussi les histoires humaines qui les portent… et les débats amicaux autour de la table !
La scène belge, jeune mais effervescente, illustre bien la diversité des goûts : entre les fruités purs d’un Pinot noir bio hennuyer, l’énergie vibrante d’un Chenin en biodynamie à Liège, ou encore les surprenants Pet’Nat naturels du Brabant Wallon. Aucun style ne l’emporte ; la curiosité et l’ouverture restent de mise.
Le défi : ne pas enfermer le goût dans une étiquette. L’avenir appartiendra peut-être moins à la “pureté” d’une catégorie qu’à la sincérité du geste vigneron – et à votre plaisir de dégustateur attentif. Pour aller plus loin ou goûter, rien ne vaut le passage chez les vignerons, les petits salons, et bien sûr… chez un caviste amoureux du vrai !
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